C’est l’histoire de deux artistes qui ne voulaient pas d’exposition solo. Elles voulaient sortir de l’individualité. Sonder l’univers ensemble, en quête de sens. Les deux ont un cerveau atypique. Les deux l’ont découvert après avoir traversé l’enfance. Confinées chacune de leur côté, elles dissèquent les blessures laissées par l’invisibilité, la singularité, une présence au monde inadaptée, un combat quotidien contre soi-même. Entre leurs projets respectifs, la résonance est si puissante que le dialogue va de soi. Préoccupations écoféministes, décoloniales, queer. En explorant les blessures de l’autre, elles essaient de reconnaître et de distinguer leurs émotions, de se laisser aller à la vulnérabilité, à la recherche d’une forme de réconfort ou de guérison.
…
marielle réfléchit aux pratiques de subsistance, de résistance, de résilience, de ralliance. Dans le confinement se développe une anxiété qui cherche une issue. En apprenant le geste ancestral de filer la laine, elle refuse l’injonction qui fait du bonheur un sophisme.
« J’ai appris: pour bien filer, il faut laisser aller, lâcher prise, contrôler ses mouvements. Pour éviter les accidents, il faut relâcher la tension. Malgré l’acharnement et la discipline du rituel quotidien, je continue de
#filermal.
#pendantqueleschampsbrulent, je mesure le
#poidsdessoucis, penchée à la fenêtre de ma cuisine. La vaisselle est sale, le plancher aussi. »
…
Anne Pénélope s’intéresse aux soins prodigués aux objets, qui s’occupent des êtres vivants. La correspondance est l’objet qui donne naissance à des dessins qui explorent les espaces entre les affects, les corps, les objets et la nature.
« Depuis les derniers mois, j’ai remarqué que les choses qui m’entourent ont une allure différente. Mes plantes paraissent fatiguées, mes portes bonheurs semblent moins efficaces et mes souvenirs moins réconfortants. J’ai l’impression que mon environnement a besoin de soin. »
…
À travers le dessin, l’installation, la vidéo et la performance, les deux artistes cherchent à explorer des territoires de guérison, la réactivation de relations au monde éteintes ou contraintes par le patriarcat et la société hétéronormative, à travers des coïncidences astrales et des résonances invisibles. D’une installation qui se réalise en micro-résidence spontanée, le travail est présenté dans une galerie fermée au public; même pas une exposition.